Le PDG de Disney, Bob Iger, a annoncé récemment que le groupe Disney allait fortement réduire ses investissements dans la programmation sur le linéaire et mise sur le streaming via Hulu pour ses programmes les plus forts comme « Abbott Elementary » et « Grey’s Anatomy ». Les revenus de la publicité sur les plateformes apportant un bien meilleur rendement. Disney veut maximiser les audiences et les profits à l’ère du streaming. Mais le patron de Disney a tenu à préciser que les chaînes traditionnelles demeurent un media indispensable pour atteindre une part de marché très importante : les téléspectateurs plus âgés.
En France, un groupe média commence, sans trop le montrer, à adopter ce fonctionnement sans pour autant se retirer du linéaire, c’est à dire les chaînes classiques. Ce groupe a fait partie de l’aventure très brève de la plateforme de streaming français SALTO. Ce n’est pas TF1 avec sa plateforme TF1+, ni M6 avec sa nouvelle plateforme M6+. Il s’agit de France Télévisions avec sa plateforme France.tv. Le groupe d’audiovisuel public était le seul à ne pas vouloir mettre fin à l’aventure Salto. Mais avec l’échec de la fusion M6 et TF1, la plateforme a fermé. Depuis des mois et davantage encore depuis des semaines, France Télévisions annonce dans ses bandes-annonces qu’un programme est déjà disponible sur la plateforme France.tv.
Si les versions payantes des plateformes de streaming proposent d’avoir accès 24 heures en avance comme TF1+ et M6+, France.tv va bien plus loin en proposant certains programmes plusieurs jours à l’avance, voire plusieurs semaines. C’est le cas (au jour où cet article est écrit – le 16 mai 2024) de la série Les gouttes de Dieu qui sera diffusée sur France 2 le 27 mai 2024 mais disponible sur France.tv dès le 20 mai, soit une semaine avant. Et ce n’est pas la première fois que le groupe public utilise ce mode de diffusion. La plateforme va d’ailleurs avoir droit à un lifting – selon plusieurs sources – juste avant les JO de Paris 2024.
L’avenir de la télévision serait-elle définitivement dans le streaming tout en gardant le linéaire ? Les dernières publications des chaînes sur les programmes à J+7 ne mentent pas. Rares sont les chaînes à être déçues de leurs audiences en replay. Et si l’exclusivité à J-7 amenaient davantage de spectateurs qui aiment bingewatcher plutôt que d’attendre ? Les groupes de médias français devraient prendre exemple sur Disney sur le streaming dont les résultats financiers sont insolemment hauts.
Le groupe Canal+ n’a pas à rougir non plus quand on voit ses résultats financiers pour 2023 avec des offres alléchantes et un nombre d’abonnés qui ne cessent de croitre et qui offre certains programme en avance sur myCanal. D’autant que le groupe, filiale de Vivendi possède un catalogue fourni avec le rachat de 100% de OCS et ses partenariats avec les plateformes de streaming américaines comprises dans certaines offres. On compte Netflix, OCS (Cine+ OCS dès le 13 juillet) ainsi que Disney+, AppleTV+, Paramount+ et MAX (dès le 11 juin) qui offre aussi l’accès à 10 chaînes du groupe Warner Bros. Discovery. Mais le groupe Canal+ doit aussi se rendre à l’évidence que – même si les audiences sont bonnes – certaines chaînes ne sont jamais rentables et ne servent que de vitrine. C’est le cas de C8 qui n’est toujours pas rentable. Quant aux audiences de Cstar, la chaîne finit très souvent dans les 3 dernières chaînes TNT en PDA. Mais la force du Groupe Canal+ permet de minimiser les pertes.