Nous sommes à la mi-octobre 2025 et coup de théâtre pour le paysage audiovisuel : Laurence Boccolini annonce son départ de France Télévision sur fond de désaccord avec le service public. Pourtant, elle s’apprêtait à tourner de nouvelles émissions comme Mot de passe, le duel ou Le Quiz des Champions. Quelques jours avant, l’animatrice a lancé sa chaîne YouTube en dévoilant créer un podcast : Sillages, les parfums d’une vie. Elle a par ailleurs reçu plusieurs invités dont la musicienne Catherine Lara et l’humoriste Vincent Dedienne.
Ce départ des stars de la télévision et de la radio vers la plateforme YouTube ou les plateformes est de plus en plus commune. Nous avons eu Cauet, l’un des précurseurs du genre, mettant ses extraits de ses émissions radio avant de créer quelques concepts avec son équipe. Par la suite, nous avons eu Guillaume Pley, avec le même principe. Ce dernier a ensuite migré vers la plateforme en créant le QG puis sa marque Legend.
Après Samuel Etienne devenu streamer (et qui affirme gagner mieux sa vie sur Twitch qu’à la télé, ndlr) ou encore Jamy Gourmaud avec Epicurieux avec le Covid, il y a eu Pascal Soetens avec JM, l’un des anciens complices de Guillaume Pley. Le regretté Thierry Ardisson avait choisi de mettre ses archives sur Youtube en partenariat avec l’INA. Cyril Hanouna même tenté d’installer Touche pas à mon poste après la suppression de C8en plus de sa chaîne sur les box Internet.
Ces derniers mois, d’autres animateurs ont débarqué vers la plateforme : Faustine Bollaert avec Safe Zone, Elise Lucet avec Dérush, Bruno Guillon, Claire Chazal, Laurent Baffie et plus récemment encore Sophie Davant, Cristina Cordula et Laurence Boccolini. Mais qu’est-ce qui justifie ce départ ou ce dédoublement des animateurs en tant que créateurs de contenu
Guillaume Pley a donné un élément de réponse : « Sur YouTube, on est totalement libre, cela ressemble à un morceau de vraie vie là où, parfois, la télé est bloquée sur certains principes. Sur des marques qu’on ne peut pas afficher par exemple. On peut y aborder des sujets comme on le ferait dans la vraie vie », a-t-il affirmé dans les colonnes de TV Magazine.
En effet, les animateurs / créateurs de contenu sont de plus en plus libres. Ils sont moins enfermés dans des contraintes de temps et de formats selon le patron d’une agence d’influence. « La télé répond à des codes. Quand on confie à un animateur un programme de 52 minutes, il sait qu’il va y avoir des coupures publicitaires. Elles participent à l’économie générale de la télé », a-t-il affirmé. Cependant, la télévision est-elle en train de perdre la partie face à Internet. Et bien, pas tellement.
Certains influenceurs font le chemin inverse comme Juju Fitcats devenue animatrice sur M6 avec La France a un incroyable talent, ça continue ou 99 à battre ou Rivenzi sur la chaîne digitale de France Télévisions. D’autres créateurs de contenu vont proposer des concepts à la télévision comme Joyca ou Antoine (anciennement Scoot2Street) sur RMC Découverte. Par ailleurs, certains influenceurs viennent produire des formats à la télévision avec Squeezie avec L’interview face cachée sur France 2 avec Hugo Travers et plus récemment Le GP Explorer 3. La télévision propose sur le web également des formats de matches de sport comme sur la plateforme france.tv
La télévision est donc devenue une passerelle qui reste puissante pour toucher un autre public : celui des plus de 50 ans et ramener les jeunes vers ce média, eux qui les ont désertés depuis maintenant de nombreuses années.
Emmanuel LASSABE
Journaliste.
Emmanuel travaille pour le site d’actualités médias Toutelatele et a aussi créé BML Insights.
