Médiamétrie révolutionne ses méthodes de mesure d’audiences en intégrant les contenus issus de la télé publiés sur les réseaux sociaux.
Comme le révèle Le Parisien dans son édition du 14 avril 2024, Médiamétrie a franchi un cap depuis le début de l’année. L’institut chargé des mesures d’audiences a modifié sa méthode d’analyse des habitudes de consommation des médias des Français. L’organisme a décidé d’intégrer dans ses statistiques les séquences issues des émissions qui circulent massivement sur les réseaux sociaux tels que TikTok, Facebook, Instagram, X (ex-Twitter), et d’autres encore. Cette décision marque un tournant significatif dans la manière dont sont évalués les contenus médiatiques et leur impact sur le public.
Selon un porte-parole de Médiamétrie, cette évolution découle de la nécessité de prendre en compte l’ensemble des contenus consultés par les Français dans leur foyer, que ce soit via un ordinateur, une tablette ou un téléphone. Auparavant, ces plateformes numériques étaient largement négligées dans les études d’audience, mais cette lacune est désormais comblée.
Cette intégration des contenus des réseaux sociaux dans les mesures d’audience est d’autant plus pertinente que l’utilisation de ces plateformes ne cesse de croître. En parallèle, Médiamétrie a étendu son panel en installant ses fameux boîtiers de mesure dans 500 foyers supplémentaires. Ce qui porte ainsi l’échantillon représentatif à 12 000 personnes. Cette augmentation de la taille de l’échantillon renforce la fiabilité des chiffres produits par Médiamétrie. Ces chiffres sont essentiels dans l’industrie de l’audiovisuel et dans les stratégies de communication des émissions phares pour permettre aux annonceurs de voir où et quand acheter de l’espace publicitaire.
Depuis quatre mois, ces boîtiers enregistrent également les séquences consultées sur les réseaux sociaux avant le coucher. Ainsi, les téléspectateurs qui visionnent ces contenus sont désormais inclus dans les audiences publiées par Médiamétrie, que ce soit le jour même de la diffusion ou dans les jours qui suivent.
Interrogé par Le Parisien, Patrick Eveno, professeur en histoire contemporaine à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et spécialiste des médias déclare : « Au début des réseaux sociaux, toutes les émissions se sont mises à mettre des extraits sur Twitter pour faire leur promotion. Les producteurs se sont très vite rendu compte que ce qui provoquait le plus de partages et de likes, c’était un peu l’humour et beaucoup les prises de bec. Alors, évidemment, ils ont insisté sur les sujets polémiques. Ce que fait beaucoup CNews, par exemple. Cyril Hanouna sait si le thème abordé sur son plateau marche ou pas en scrutant X sur son téléphone pendant son direct ».
L’intégration des contenus des réseaux sociaux dans les mesures d’audience de Médiamétrie représente une avancée significative dans l’analyse des habitudes de consommation médiatique. Toutefois, elle soulève également des interrogations sur l’orientation des programmes télévisés et l’impact de la viralité sur la qualité de l’offre audiovisuelle.
(Source: Le Parisien / Benoit Daragon)